Art contemporain : Jem’s Kokobi : L’ artiste et la matière.

 » L’ art n’ est rien s’ il n’ y a pas quelque chose qui le matérialise « . C’est substance ce qu’ a affirmé l’ artiste-sculpteur ivoirien Jem’s Kokobi lors d’ une conférence prononcée le mercredi 14 décembre dernier à la galerie la Rotonde des Arts contemporains d’ Abidjan-Plateau.

Pour l’ artiste l’ art n’ est donc pas quelque chose d’ imaginaire mais il repose plutôt sur quelque chose de concret que notre imaginaire rend visible et intelligible. C’ est donc tout le sens du travail de l’ artiste qui repose sur la matière en l’ occurrence le bois que l’ artiste façonne à sa guise.

Dans son travail Jem’s ne considère pas la matière comme un support mais tout simplement comme matière. En clair, dans l’ esprit de Kokobi, il n’ y pas de distanciation entre l’ artiste et la matière qu’ il travaille. Vue ainsi, la matière et l’ artiste sont comme les deux faces d’ une même médaille.

Interrogé sur le support sur lequel il travaille, l’ artiste affirme qu’ il se sent en phase avec.  » Le bois de chêne est le support que j’ affectionne le plus. C’ est un bois qui a des milliers d’ années d’ existence « , a t-il indiqué avant de préciser que ce bois se travaille avec beaucoup de minutie et nécessite une attention particulière.

Du point de vue esthétique, le sculpteur a révélé que dans son travail il n’ y a pas de place pour les détails. Il dit préférer l’ objet d’ art dans son entièreté voire dans sa grossièreté. De son rapport avec l’ environnement de travail Jem’ s Kokobi dira qu’ il peut influencer le rendu sans pour autant en altérer l’ identité.  Là-dessus d’ ailleurs, l’ artiste, un brin philosophe avance ceci :  » Je ne suis ni africain, ni  européen. Cependant l’ environnement peut impacter sur ma manière de travailler « .

Concernant l’ instrument qu’ il utilise pour réaliser ses œuvres, l’ artiste dira qu’ il sert de médium entre la matière et lui. Pour lui un dialogue nécessaire s’ installe entre la machine ( tronçonneuse ) et le bois. Mais ce dialogue n’ a rien de mystique s’ empresse-t-il de rectifier avant de préciser ceci :  » C’ est un dialogue nécessaire, une communication entre l’ artiste et la matière. Il y a une sorte de compréhension mutuelle qui facilite le travail « .

L’ artiste a révélé que l’ arbre possède une vie cachée qu’ on doit saisir pour mieux le façonner.  » Je ne coupe pas l’ arbre mais le bois. L’ âme du bois est ce qui lui permet d’ exister c’ est pourquoi il faut la protéger « , a t-il conclu.

Cette conférence a permis à l’ auditoire de pénétrer un tant soit peu l’ univers de l’ artiste aux sculptures géantes, sa relation avec sa matière de prédilection : le bois. Un univers passionnant dans lequel l’ artiste invite le public. Jem’s Kokobi et le bois , une relation ad vitam æternam.