Le « dô » est une association religieuse réservée aux femmes baoulé excisées. Il existe en pays baoulé six centres d’excision ouverts par roulement, pour 170 villages environ.
Les exciseuses ou « doni » dirigent la société. Elles exigent des droits d’entrée en nature et en espèces très élevés; entre leurs mains et celles de leurs aides se concentrent ainsi des fortunes considérables.
Jusqu’au moment de l’opération, les jeunes filles qui vont être excisées ou « doba » ignorent tout de la cérémonie. L’hémorragie est stoppée à l’eau froide et la plaie à la pénicilline. Pendant leurs cinq semaines de retraite, les convalescentes sont bien nourries et ne font aucun travail manuel. On leur interdit de dévoiler le secret du « dô ». Leur première sortie est l’occasion d’une grande fête, mais elles restent soumises pendant plusieurs mois à un interdit sexuel rigoureux. A l’occasion de la cérémonie finale, la famille de la « doba » affirme sa puissance et sa richesse par une débauche de bijoux et de billets de mille francs offerts à la jeune « doba laa ».
La mort d’une femme excisée ou « doba laa » prend le caractère d’un événement dans la vie du village. Les fêtes des funérailles sont l’occasion de dépenses excessives pour la famille.
Les femmes qui ne sont pas excisées ou « dioni » sont sujettes aux brimades des « doba laa ». Ces dernières possèdent d’autre part un grade puissant qui peut rivaliser avec les associations masculines du village. La protection que leur confère le « dô » est une arme efficace contre le mari, mais les dépenses somptuaires qu’il occasionne sont critiquables.
Source: Etude régionale de Bouaké 1962-1964, Abidjan, Ministère du Plan, 1966, Document 9 T Quelques aspects de la vie sociale, pp. 39-49.