Henri Duparc est un métis franco-guinéen né le 23 décembre 1941 à Forécariah en Guinée (Ex-Guinée française). Après ses études primaires et secondaires au Cours Normal de Kindia, ses parents l’envoient en France poursuivre le deuxième cycle des études secondaires.
Il effectuera sa classe de seconde à l’Ecole Pascal une école huppée du 16ème arrondissement et ses classes de première et terminale au Cours Rive Gauche dans le septième arrondissement.
En 1962, il reçoit une bourse d’études de la Guinée et il accomplit de septembre 1962 à octobre 1963 une formation à l’Institut de la Cinématographie à Belgrade en Yougoslavie où il fait sa première véritable rencontre avec le cinéma en étant stagiaire sur deux films : Marco Polo de Christian – Jaque avec Dorothy Dandridge et Alain Delon et Le bateau au long cours (titre français) avec Richard Widmark et Sydney Poitier.
De 1964 à 1966, il poursuit ses études à l’I.D.H.E.C. (Institut des Hautes Etudes Cinématographiques) à Paris en France.
En Guinée, le gouvernement de Sékou Touré lui ayant coupé les subsides, Henri Duparc commence sa première année à l’IDHEC en exerçant parallèlement la fonction de veilleur de nuit à l’Hôtel Molière, un hôtel situé dans la rue Richelieu non loin de l’Opéra. Mais très rapidement Remy Tessonneau Directeur de l’IDHEC, trouvera une ONG qui lui attribuera une bourse pour la durée de ses études, études qu’il achèvera en juin 1966.
En 1967 il effectue une année de stage à l’ORTF (Office de Radio Télévision française) avec la réalisatrice Jeannine Guyon connue aussi pour être l’épouse de Georges Guétary célébrissime chanteur des années 50.
A la fin de l’année 1967, il décide de s’installer en Afrique, non pas en Guinée où sévit Sékou Touré mais en Côte d’Ivoire et il en fait sa patrie d’adoption.
Il se marie le 31 mai 1969 à Bondoukou, une ville du nord de la Côte d’Ivoire, où son beau père, Paul Dechambenoît exerçait les fonctions de médecin généraliste à l’hôpital public.
Son épouse Henriette a fait des études supérieures à l’université d’Abidjan, est diplômée de l’institut universitaire de technologie, a été sous directrice dans une importante banque en Côte d’Ivoire. Elle exerce aujourd’hui ses droits à la retraite.
Il est père de 3 filles, Alexandra, Anne-Marie et Candice. Il est grand père d’une petite fille prénommée Maïka et d’un petit garçon Maël-Henri.
De 1967 à 1982, Henri Duparc travaille en qualité de réalisateur pour un organisme du gouvernement ivoirien, la Société Ivoirienne de Cinéma. Dans un premier temps, il se consacre à des films publicitaires et réalise en 1967 Bata un publi-reportage. Il enchaîne en 1968 avec deux films documentaires. Profil ivoirien, un documentaire économique sur la Côte d’Ivoire et Carnets de voyage un documentaire touristique.
En 1969, il réalise la récolte du coton un film didactique en 4 versions, baoulé, dioula, sénoufo qui sont des dialectes de Côte d’Ivoire et française. Il enchaîne en Octobre de la même année avec son premier moyen métrage Mouna ou le rêve d’un artiste un film d’une durée de 52 minutes tourné en Noir et Blanc. Ce film fera en 1970 l’ouverture de la 2ème édition de la semaine du cinéma africain de Ouagadougou. (Voir dans la filmographie les extraits de presse relatif à cet événement).
L’année suivante, il réalise un autre film touristique Assinie en soutien à la campagne de promotion touristique entreprise par Mathieu EKra, un nouveau ministre du tourisme qui veut détrôner la plate-forme sénégalaise.
En 1972, c’est le grand saut dans le long métrage en 35mm couleur avec Abusuan un film de 88 minutes qui aura un immense succès populaire en Afrique.
A sa présentation au Fespaco en 1973, il récoltera deux récompenses : le prix très convoité de l’OCAM ( Organisation Commune Africaine et Malgache) puisqu’il était accompagné d’un chèque de 1.500.000 Frs CFA. A titre de comparaison, la dotation de l’étalon de Yennega à l’époque s’élevait à quatre cent mille francs CFA. Un autre prix plus symbolique celui là, puisqu’il s’agissait d’une mention spéciale décernée par l’Office Catholique Internationale du Cinéma dont parmi les jurés siégeaient feu Monseigneur De Souza du Dahomey et le père Agré aujourd’hui Archevêque d’Abidjan.
En 1973, Henri Duparc revient au court métrage et réalise « Les racines de la vie » un document à partir de poème «femme nue, femme noire» de Léopold Sédar Senghor, sur l’émancipation de la femme noire. En 1974, il réalise un documentaire intitulé « Une pirogue pour la lagune » et un autre film « Agora » sur les vertus des places publiques dans la vie africaine pour la Société Radio Canada.
Les années 1975/76 le propulsent en qualité de Directeur de production à la société ivoirienne de cinéma. Il supervise la confection par des assistants réalisateurs d’une série de mini documentaires qui n’excèdent pas cinq minutes.
Les teinturiers de Bassam, les potières de Katiola, les tresses, les enseignes publicitaires, un mordu de la marine, Bassam ville coloniale, des titres qui ne lui laissent pas un bon souvenir parce qu’ils l’éloignent de la mise en scène à laquelle il revient en 1977 avec L’herbe sauvage un film de 90 Minutes 35mm couleur qui obtient en 1978 au Festival de Carthage le prix d’Interprétation féminine.
De 1978 à 1982, la Côte d’Ivoire traverse une grave crise financière qui met tous les projets en veilleuse. Le seul film que réalise Henri Duparc pendant cette période se trouve être en 1982, Connaître ses droits, un film commandité par la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale. Puis un profond remaniement ministériel a lieu. Le nouveau ministre de l’information, Amadou Thiam trouve inutile l’existence d’une société de production de films cinématographiques. Il dissout la société ivoirienne de cinéma pour donner la priorité aux programmes de la télévision.
Henri Duparc est affecté au Centre de Production des Actualités Audiovisuelles et de Perfectionnement Permanent un organisme qui se substitue à la société ivoirienne de cinéma. Il donne sa démission et crée en 1983 sa propre structure de production de films : «FOCALE 13»
Avant de se lancer dans la production de films long métrage, FOCALE 13 assure ses arrières en produisant des films de commande.
Henri Duparc réalise : en 1984, La Sir un documentaire sur la société ivoirienne de raffinage et en 1985, L’auto médication un documentaire sur les dangers de l’automédication.
En 1986, c’est le grand saut vers les grandes productions avec la mise en chantier sur fonds propres d’un feuilleton pour enfants en 10 épisodes de 13 minutes en 16mm couleur, intitulé Aya.
Le succès de cette série va permettre à la Société FOCALE 13 de financer toujours sur fonds propres, en 1988, un scénario que Henri Duparc avait écrit quand il était étudiant à l’IDHEC : Bal poussière.
Ce film raflera beaucoup de prix : prix de la meilleure réalisation Festival du film de Fort de France en 1988, grand prix et prix de la critique au Festival du Film d’Humour de Chamrousse 1989. Chamrousse sera aussi l’occasion pour les actrices principales du film Hanny Tchelley et Naki Sy Savané de découvrir la France, et la neige car Chamrousse est une station balnéaire qui se trouve sur les hauteurs de Grenoble.
La même année, le film obtiendra le prix de la critique au Festival International du Film Francophone de Namur 1989.
Sa sortie commerciale en Afrique sera annonciatrice du succès qu’il obtiendra en France en y faisant 323.000 entrées, un succès encore inégalé par aucun film africain.
Pris en mains par des producteurs français dont Philippe Godeau, un autre projet de Henri Duparc est aussitôt mis en chantier avec des acteurs dont Jean Carmet, Patrick Chesnay . Ce sera en 1990, Le sixième doigt qui obtiendra le prix spécial du Jury Festival du film Francophone de Namur
Du point de vue commercial, ce film sera un échec retentissant. Henri Duparc mettra cet échec sur le compte d’un scénario qu’il avait écrit pour l’Afrique et qui avait été remanié à la demande de la production française. Il fallait faire ressortir des personnages qui permettent d’intégrer des comédiens français et d’en faire une production internationale.
La leçon du sixième doigt ayant servi, Henri Duparc revient à des projets plus conformes aux réalités africaines.
Tout en réalisant des films alimentaires en 1991, Le riz en Guinée, La culture du palmier en haute Guinée, il prend en gérance toujours en 1991, une salle de cinéma de 614 places à Abidjan qu’il rebaptise «le Pharaon» Il en fait une salle de standing. Cette salle inaugurera un nouveau style d’exploitation en initiant des cycles cinématographiques. C’est ainsi que les abidjanais verront des cycles «Jean Gabin», «François Truffaut» «de Funès».
EN 1993, Henri Duparc réalise Rue Princesse qui sera un grand succès africain et qui restera un trimestre à l’affiche au Pharaon. Le succès de ce film est tel à Abidjan, que la rue la plus chaude de la ville a été rebaptisée «Rue Princesse».
Tout cela confortera le cinéaste dans la voie qu’il s’est donnée : faire des films pour les africains. S’il se trouve que ces films rencontrent un succès d’estime en Europe, ce sera tant mieux ; mais il sera dorénavant hors de question que son objectif soit un autre public que le public africain.
A la fin 1993, c’est la mort du Président Félix Houphouët-Boigny, qui sera accompagnée d’une longue période de deuil national suivie en février 1994 par un événement qui marquera profondément et durablement les milieux économiques en Afrique. La dévaluation de la monnaie, du franc CFA. L’addition est trop lourde, Henri Duparc ferme le Pharaon. Commence alors une longue période où chacun observe les indices annonciateurs d’un redémarrage de la vie économique.
FOCALE 13 fragilisée s’est mise en veilleuse et Henri Duparc à l’écriture d’un scénario. Ce sera en 1997 «Une couleur café» et la première co-production de Focale 13 avec un autre organisme : le centre cinématographique marocain dirigé par Souhail Ben Barka. Même attente du public, même succès. Lors de sa projection au Festival «Vues d’Afrique» à Montréal, la file d’attente pour avoir accès à la caisse était si longue qu’une voiture de police qui faisait la ronde s’est arrêtée pour s’en quérir de cet état de chose.
Mama Kéïta réalisateur de films, témoin de cet événement lui dira que cela devait faire chaud au cœur de voir un tel afflux de spectateurs. C’est sûr, cela fait du bien.
Ce film qui fera une carrière ailleurs qu’en France récoltera en passant, une mention spéciale du Jury et le prix du Public au festival «Vues d’Afrique» un prix d’Interprétation masculine au festival de Bari en Italie en 1998 et le prix du Public au festival de Los Angelès aux Etats Unis en 1998.
Cette même année MNET la chaîne de télévision sud africaine remettra à Pretoria à Henri Duparc un prix pour l’ensemble de ses œuvres.
Nous sommes en 1999. Des élections présidentielles se préparent en Côte d’Ivoire et l’Union Européenne décide d’entreprendre une campagne de sensibilisation en réalisant des films didactiques sur la connaissance des droits et devoirs du citoyen.
C’est FOCALE 13 et Henri Duparc qui sont retenus pour mener à son terme le projet intitulé Droits et devoirs et qui comprend 5 films de 26 minutes.
Henri Duparc réunit tous ces différents films dans un montage spécial et crée un film de 52 minutes Je m’appelle Fargass sur les aventures d’un braqueur de voitures.
En Décembre 1999, la Côte d’Ivoire connaît son premier coup d’Etat avec l’éviction de Henri Konan Bédié et l’arrivée au pouvoir du Général Guei Robert. Cette nouvelle épreuve aurait pu être fatale à la Société FOCALE 13 si un organisme français Partenaire radio n’était venu lui proposer en Mai 2000 d’assurer la production exécutive d’une série de 7 films de 3’30 sur la prévention du Sida, série qu’elle souhaiterait voir réaliser par Henri Duparc. Ce sont Les aventures de Moussa le taximan, série financée par le Ministère de la Santé en France avec pour Producteur Délégué Partenaire Radio à Paris. Une bouffée d’oxygène qui permet à FOCALE 13 de survivre dans le marasme économique général qui frappe la Côte d’Ivoire.
Les élections présidentielles ont lieu. Le général Guei veut conserver le pouvoir contre l’avis des électeurs et il est contraint à la fuite. En Octobre 2000, Laurent Gbagbo s’installe dans le fauteuil présidentiel.
La vie reprend son cours avec une certaine sérénité et surtout une promesse de relance. Quant à Henri Duparc, il entreprend de convaincre son Président de se confier à sa caméra pour raconter son parcours d’opposant politique. Ce sera le premier film d’une série qui devrait se poursuivre avec l’expérience d’autres chefs d’Etat qui auront été à l’origine de l’alternance politique dans leur pays : Abdoulaye Wade, Nicéphore Soglo etc…
En attendant que ce projet voit le jour, deux commandes du CIRTEF, le Conseil international des Radios, télévisions des Etats Francophones à Bruxelles lui parviennent. Alors s’enchaînent coup sur coup en 2001. La rue n’a pas fait d’enfants, un documentaire de 26 minutes sur le phénomène des enfants de la rue et Des banques pour l’informel, un documentaire de 26 minutes sur les micro-crédits.
Ces films sont à peine remis au commanditaire que le Président de la République lui annonce qu’il est prêt à se laisser interviewer. Ce document sera réalisé à Grand Béréby une station balnéaire de Côte d’Ivoire les 10, 11, 12, et 13 Septembre 2002. Dans la nuit du 18 au 19 Septembre 2002, la Côte d’Ivoire est envahie par les rebelles. Dans le climat politique qui s’en suit, Laurent Gbagbo est montré du doigt comme étant l’auteur de tous les maux de la Côte d’Ivoire car sa lutte pour l’indépendance économique de son pays est identifiée à une rébellion contre la France : la mère patrie. Il est condamné par la plupart des chefs d’états africains de la sous–région. Une chose saute aux yeux de l’observateur lucide. Il n’y a quasiment pas de chefs d’Etat en Afrique de l’Ouest francophone ; il y a des préfets français.
Le cinéaste met la suite de son projet en veilleuse. Il achèvera le film sur Laurent Gbagbo plus tard quand le climat sera moins belliqueux et il ne sera plus question de poursuivre la série avec les autres chefs d’Etat.
L’année 2003 annonçait une nouvelle période d’incertitude, quand devant le succès rencontré par la série Les aventures de Moussa le Taximan, le Ministère Français de la Santé et le Producteur Délégué Partenaire Production viennent proposer au réalisateur et à sa structure de réaliser Les nouvelles aventures de Moussa le Taximan. 6 films de 5 minutes sur la prévention du Sida.
Dans la ville d’Abidjan assiégée par l’ONUCI, par les forces françaises de la Licorne, le tournage se déroule sans trop d’accrocs. Les films sont remis à leur commanditaire le 20 Novembre 2003 pour une diffusion sur les chaînes de télévision le 5 Décembre, à l’occasion de la journée mondiale du sida.
Après cette série, Henri Duparc achève le film sur Laurent Gbagbo, qu’il intitulera «Laurent Gbagbo : la force d’un destin» et en attendant sa mise dans le circuit, il décide de monter un nouveau projet de film de long métrage intitulé Caramel.
La recherche de financement sera laborieuse au vu de la situation du pays. Toutes les parties sollicitées commencent par mettre en avant les dangers d’un tournage dans un pays à haut risque. Même l’acharnement des producteurs qui affirment le contraire, n’empêchera pas le scénario d’être écarté de toutes institutions où il est présenté. L’Union Européenne ; out, le fonds sud du ministère de la coopération ; out, TV5 ; out. Seule l’agence Intergouvernementale de la Francophonie accueille ce projet et lui octroi 75.000 Euros.
Il est évident qu’il faut se tourner vers d’autres partenaires. Nourredine Sail lui ouvre les portes du Centre Cinématographique marocain et l’Afrique du Sud ses structures de production. Le tournage a lieu en mai et juin 2004 et le film sera présenté au public le 22 avril 2005. Huit semaines plus tard, il aura fait 32.510 entrées dans une seule salle de cinéma, un succès que FOCALE 13 n’avait pas rencontré depuis Bal poussière.
Ce qui signifie bien que le spectateur africain est en attente de films africains qui parlent de ses rêves et pourquoi, pas de ses préoccupations.
L’événement Caramel autorise FOCALE 13 à créer un autre événement. Ce sera la prochaine présentation officielle du film «Laurent Gbagbo : la force d’un destin». Quant aux projets, ils prennent progressivement forme. Henri Duparc est sollicité par des producteurs français pour réaliser un film intitulé «La puce à l’oreille» d’après une adaptation qu’il a lui-même faite de la «puce à l’oreille» de Feydeau. Ce projet sera sans doute concrétisé en Mai 2006 et en attendant Henri Duparc s’est lancé dans la rédaction du scénario de la prochaine production cinématographique de FOCALE 13 qui s’intitulera «La grève du lit».