Art de la scène : Siablé Lab #3/ La professionnalisation de la danse au centre des débats.

Dans la cadre de son projet artistique dénommé  » Siablé Lab #3  » dédié à la danse, la Compagnie AT, dirigée par la danseuse et chorégraphe Aminata Traoré, a organisé le jeudi 14 avril dernier à la Fabrique culturelle sise à Cocody-2 Plateaux, un panel autour de la thématique : Quel type de formation pour la professionnalisation des danseurs de Cote d’ Ivoire ?

Cette table-ronde qui a réuni des professionnels en la matière en l’occurrence Moussa Sidibé, enseignant de danse à l’ Institut National Supérieur des Arts et de l’ Action Culturelle ( INSAAC ), Rhodes Karismatic, danseur-chorégraphe ( Côte d’Ivoire ) et Aïcha Kaboré, danseuse-chorégraphe ( Burkina-Faso). Le débat qui a tourné autour de deux axes de réflexions à savoir -l’ état des lieux des offres de formation de danse – formation et la professionnalisation du danseur.

Sur le premier axe de réflexion, les intervenants ont reconnu presqu’ à l’ unanimité que les offres de formation de danse existent bel et bien. Quelles soient en terme de formations diplômantes et qualifiantes ces offres sont assurées par des instituts universitaires, des centres et ateliers de formation. Cependant comme l’ a souligné Moussa Sidibé, à coté de ces formations, il faut un accompagnement de la part de l’ Etat, de mécènes et de partenaires pour donner de la viabilité, voire de la visibilité à la danse et à la chorégraphique. Cela suppose, toujours selon lui, que les créations proposées doivent être de qualité. Le défi de la qualité est toujours à rechercher , a t-il expliqué. Pour Rhodes Karismatic, la danse urbaine n’est pas logée à la meme enseigne. Quoiqu’ elle ait envahit les différentes scènes ces dernières années, il n’ y a pas encore de véritables écoles sur place pour dispenser des cours. Mais cela ne doit pas empêcher les amateurs de cette pratique artistique de se former à travers des ateliers, le mentorat, le coaching et surtout les réseaux sociaux. Quant à Aïcha Kaboré, elle a insisté sur le fait que les danseurs doivent se former quelque soient les offres qui se présentent à eux.  » Pour moi la formation doit être la base. Un danseur qui n’est pas formé ne sera pas compétitif et créatif « , a t-elle fait remarquer tout en insistant sur la rigueur et la discipline qui doivent prévaloir dans ce domaine.

Abordant le second axe de réflexion, les panélistes ont reconnu que la formation et la professionnalisation même si elles constituent un atout majeur pour le danseur, elles ne doivent pas constituer une fin en soi. La danse étant du domaine de la création, il faut que les apprenants rivalisent d’ imagination et de créativité pour être toujours compétitifs sur un marché en pleine mutation. Créer et trouver des canaux de diffusion à ces créations doit être le souci permanent des danseurs. La création d’ un marché local de danse tout comme la création de festival en la matière peut permettre de booster ce secteur. Au dire de Rhodes Karismatic, la danse doit être perçue comme une profession noble, pourvoyeuse de devises capable d’ assurer la carrière du praticien.  » Il s’ agit de constituer une vraie chaîne de valeur artistique qui permet au professionnel de vivre de son art et non d’ être un éternel assisté « , fait-il remarquer. Moussa Sidibé en véritable passionné de danse a invité les danseurs à croire en leur art et à se donner tous les moyens pour être les héros de leur propre vie comme cela se passe dans les pays développés.  » Pour que le métier de danseur soit considéré par tous il doit viable et cela passe nécessairement par une professionnalisation plus accrue  » a-t-il tranché avant d’ exhorter les apprenants à saisir toutes les opportunités qui s’ offrent à eux pour s’inscrire dans la professionnalisation.

Aminata Traoré, initiatrice de cette table-ronde a saisi l’ occasion pour remercier les panélistes pour l’ intérêt qu’ il porte à ce corps de métier qui mérite d’ être promu.  » Autant la danse concerne le corps, autant elle fait appel à l’esprit et à la réflexion, d’où l’importance de cette table-ronde « , a t-elle révélé. Elle a souhaité que les stagiaires de la présente session de formation puissent tirer profit de ces échanges en vue d’en faire bon usage. Notons qu’ une séance de restitution de cet atelier sous forme de spectacles de danses se déroulera ce samedi 16 avril à la Fabrique culturelle.